Découvrez notre sélection d'activités à faire avec des enfants
sur le thème de la couleur.
Dans cette expérience, nous vous proposons d'analyser à
l'aide d'un CD la composition spectrale de la
lumière après son passage à travers des filtres colorés. Vous découvrirez ainsi quelles
sont les couleurs "lumière" pures (ou longueurs d'onde) transmises ou absorbées par un filtre, en fonction de sa couleur "matière". En superposant des filtres
colorés de couleurs différentes, vous comprendrez comment les couleurs "matière" se mélangent, ce qui vous permettra par exemple de comprendre pourquoi un mélange
de peinture JAUNE et CYAN donne du VERT.
Matériel
Observations
Sans utiliser de filtre coloré, vous devez trouver toutes les couleurs
de l’arc-en-ciel dans les reflets du disque. Toutes les couleurs "lumière" pures (ou longueurs d’onde) sont présentes dans la lumière incidente BLANCHE, dans l’ordre : VIOLET, BLEU,
CYAN, VERT, JAUNE, ORANGE, ROUGE. C'est la diffraction de la lumière par la
microstructure de la surface du disque (sillons sur lesquels l'information est enregistrée) qui explique cette
décomposition.
Observation directe sur le disque. Le disque est posé sur une table, éclairé par une lampe torche placée à une dizaine de cm au dessus de son
centre. En regardant le disque par au-dessus, dans une direction proche de la verticale, on doit observer des anneaux aux couleurs de l'arc-en-ciel.
Observation en projection au plafond. Le disque est posé sur une table et la direction d'émission de
la lampe est ajustée (éclairage légèrement en oblique) jusqu'à obtenir sur le plafond à la fois le reflet direct de la lampe (ici reflet blanc dans le fond) et le reflet diffracté montrant la
séparation des couleurs "lumière" pures.
En ajoutant des filtres colorés devant la source de lumière BLANCHE, vous observerez les reflets colorés suivants, montrés ici d'abord sur la surface du CD
puis en projection sur le plafond. Si les couleurs absorbées n’apparaissent pas nettement, il peut être nécessaire de superposer plusieurs épaisseurs d’un même
filtre (par exemple en le pliant en deux) de façon à en augmenter les effets.
Sur le CD, en comparant ce qu'on observe avec et sans filtre, on voit quelles couleurs sont absorbées par chaque filtre :
Sur le plafond, on compare le reflet direct de la lumière (à gauche sur chaque photo ci-dessous) et sa décomposition en couleurs "lumière" pures (à droite) :
Considérons pour simplifier que le spectre de la lumière BLANCHE est composé de trois zones principales : ROUGE, VERT,
BLEU (le JAUNE étant à la
frontière du ROUGE et du VERT, le CYAN à la frontière du VERT et du BLEU). On constate que chaque filtre primaire de la synthèse soustractive CYAN, MAGENTA, JAUNE absorbe une de ces trois zones et
transmet les deux autres :
La synthèse additive des couleurs "lumière" pures transmises par chaque filtre correspond bien à sa couleur "matière" (par exemple BLEU + VERT = CYAN).
En superposant ces filtres colorés deux à deux puis les trois ensemble, nous obtenons par exemple :
L'association de deux filtres correspondant aux couleurs primaires de la synthèse soustractive absorbe deux gammes spectrales (dans l'exemple ci-dessus les deux premiers filtres JAUNE et CYAN ensemble absorbent à
la fois le BLEU et le ROUGE, reste donc le VERT). On appelle couleur secondaire cette association de deux primaires :
Ces trois filtres absorbent des régions complémentaires de l’arc-en-ciel, donc en les superposant tous les trois toute la lumière (en pratique presque toute) est absorbée pour donner du NOIR :
Les filtres ROUGE, VERT et BLEU se comportent respectivement comme les superpositions des filtres JAUNE et MAGENTA, JAUNE et CYAN, et CYAN et MAGENTA. Ils
transmettent donc la zone du spectre correspondant à leur couleur (ROUGE, VERT et BLEU) et absorbent le reste.
Discussion
Ces expériences démontrent que c’est l’absorption de couleurs "lumière" pures parmi celles de l’arc-en-ciel qui explique les couleurs des filtres. Lors de la superposition de filtres colorées, d’avantage de couleurs "lumière" pures ou longueurs d'onde sont absorbées et donc soustraites à celles de l’arc-en-ciel, ce qui se traduit par l’apparition d’une nouvelle couleur mélange. C’est parce qu’on fait référence aux couleurs "lumière" qui sont soustraites du spectre de la lumière incidente qu’on parle de synthèse soustractive des couleurs.
L'expérience proposée ici avec des filtres colorés serait difficile à réaliser avec de la peinture, dont la surface diffuse la lumière dans toutes les directions, la surface du CD
ne suffit alors plus à séparer les couleurs "lumière" pures. Mais les mélanges de couleur avec de la peinture obéissent aux mêmes règles : la toile ou la feuille
blanche qui sert de support diffuse toutes les longueurs d'onde contenues dans la lumière qui
l’éclaire (soleil, lampe). D’une certaine façon, toutes les couleurs "lumière" pures de l’arc-en-ciel sont déjà présentes (mais mélangées) dans la feuille
BLANCHE avant même qu'on ait commencé à peindre ! En déposant une couche de peinture, certaines longueurs d'onde vont être absorbées et ne seront donc plus diffusées. Comme pour les filtres
colorés, par exemple une couche de peinture JAUNE absorbe les longueurs d'onde dans la région du BLEU. Peindre consiste donc à soustraire des couleurs "lumière" pures de l’arc-en-ciel pour faire naître dans notre cerveau de nouvelles sensations
colorées. Peindre en JAUNE consiste à enlever le BLEU de l’arc-en-ciel. C’est ainsi qu’il faudrait apprendre la peinture à l’école si on voulait
en comprendre les règles de mélange !
Nous constatons également qu’un filtre coloré ne transmet pas une couleur "lumière" pure, même quand il correspond à une couleur vue dans l’arc-en-ciel. Par exemple, un filtre JAUNE transmet toutes les couleurs "lumière" pures de l’arc-en-ciel sauf celles dans la région du BLEU, soit du JAUNE mais aussi du ROUGE et du VERT. Les filtres VERT, ROUGE et BLEU transmettent les couleurs "lumière" respectivement dans les régions du VERT, du ROUGE et du BLEU, mais elles ne sont pas tout à fait pures (monochromatiques).
A l'aide d'un spectromètre, il est possible d'obtenir
des courbes quantifiant la lumière transmise pour chaque longueur d'onde. On peut voir ci-dessous les spectres de transmission de nos filtres CYAN, MAGENTA et JAUNE (à gauche) ainsi que leurs
combinaisons deux à deux (à droite) permettant d'obtenir les couleurs
ROUGE, VERT et BLEU.
Enfin, on remarquera qu’une couleur primaire de la synthèse
soustractive (couleur "matière") absorbe une région de l’arc-en-ciel correspondant à une couleur primaire de la synthèse additive (couleur "lumière") :
Si les trois couleurs primaires "lumière" ROUGE, VERT, BLEU permettent de générer toutes
les sensations colorées possibles à partir de l'obscurité (voir l'expérience proposée avec le mélange
des trois spots RVB), on comprend ainsi pourquoi les trois couleurs primaires "matière" JAUNE, CYAN, MAGENTA permettent de générer toutes les
sensations colorées possibles à partir du BLANC (voir l'expérience proposée
avec le mélange de peintures CMJ) : en les dosant et en les mélangeant on éteint plus ou moins les trois couleurs primaires "lumière".
Expérience bonus : observation avec des lunettes de diffraction
En pratique, n’importe quel objet permettant de séparer les couleurs "lumière" pures (prisme en verre,
prisme à eau) permet de faire les mêmes observations. Mais c’est sans doute avec des
lunettes de diffraction, dont les verres sont des films diffractant comme la surface d'un CD (disponibles sur la boutique du
site), que l’observation est la plus facile : il suffit de regarder directement la source lumineuse (si elle n'est pas trop
intense, donc pas le soleil ni un laser !) à travers ces lunettes, avec ou sans filtre coloré. Ces photos ont été prises en observant un petit spot halogène (ci-contre sans
filtre).